Pourquoi Google et Twitter veulent-ils afficher vos contenus dans leurs pages ?

Dans ce monde hyperconnecté où de plus en plus de gens lisent tout depuis un appareil mobile, quelques secondes de temps de chargement peuvent se traduire, globalement, en gain ou en perte de millions de lecteurs ou d’euros de revenus publicitaires.

C’est ainsi que pensent certainement Google, Twitter et bien d’autres plateformes sociales et grands médias.

Pourquoi Google et Twitter veulent-ils afficher vos contenus dans leurs pages ?

C’est pourquoi, Google a pris cette initiative d’aider les éditeurs de sites web, et accessoirement s’aider lui-même, à améliorer considérablement le temps de chargement des contenus sur mobile via un navigateur.

Il y va donc, de ce point de vue, de l'intérêt général de tous les acteurs du Net. Qu’ils soient petits ou grands ou qu’ils soient, tout simplement, des consommateurs du Net.

Il y a quelques temps, nous avons appris que Google, Twitter et de grands médias travaillaient de concert pour mettre en place un nouveau format de liens web et un nouveau système de stockage d’articles qui permettraient d’afficher les contenus web sur mobile en millisecondes.

Il s’agit d'afficher les contenus directement dans les pages de résultats de Google et la Timeline de Twitter afin d'arriver à un temps de chargement de contenus mobiles qui pourrait avoisiner les 5 dixièmes de secondes par rapport à une page mobile qui se chargerait normalement. Donc, un affichage instantané.

Le projet serait toujours en cours de développement, mais des fuites organisées ou non ont permis d’en être au courant et d’en savoir plus.

Améliorer le temps de chargement sur mobile


L'objectif de ce projet est d'élaborer une norme universelle pour les éditeurs qui pourrait être utilisée pour charger les articles plus rapidement partout où ils apparaissent sur mobile. Mais, les afficher tout en conservant l'aspect graphique de ces pages n'a pas été chose facile.

L'effort vise également à protéger le web qui tend à s’éclipser face aux applications mobiles très utilisées et d'orienter les éditeurs loin des systèmes propriétaires fermés qui sont développés par des sociétés comme Facebook (avec Instant Articles), Apple (avec News) et Snapchat (avec Discover).

Google et Twitter craignent en fait, à juste titre ?, que les éditeurs ne commencent à créer du contenu spécifiquement pour Facebook ou Apple et que les consommateurs ne soient obligés que d’aller vers ces applications pour découvrir et lire des contenus. Et donc qu'ils fuient au final le web.

Ou chacun défend ses intérêts et ses sources de revenus


Il ne faut pas non plus s’y tromper, En lançant une telle initiative, Google et Twitter tentent de conserver leur influence sur les éditeurs de contenus. De la même manière que Google continue à étudier les meilleures façons d’utiliser son moteur de recherche pour augmenter le trafic vers les contenus de bonne qualité de chaque éditeur.

N’oublions pas que Google gagne la presque totalité de ses revenus en vendant de la publicité sur son moteur de recherche et via son réseau de sites dits Adsense.

Pour sa part, Twitter, qui dépend fortement des conversations autour des actualités pour son trafic, veut garder les visiteurs plus longtemps sur sa plateforme. La nouvelle technologie en cours de développement devant également mettre plus en évidence les Tweets intégrés dans les pages web.

Quant à Facebook avec Instant Articles et Apple avec News, en créant leurs applications de curation de contenus d’actualités, ils pourront y vendre de la publicité en partageant les revenus publicitaires avec les éditeurs.

Et dire que pendant ce temps, Apple permet de bloquer les publicités des autres sites (et donc de Google aussi) via son navigateur Safari dans iOS 9.

Et plus Facebook et Apple auront d’utilisateurs, bien évidemment, plus leurs gains publicitaires seront énormes. Et plus les annonceurs achèteront plus d’espaces publicitaires dans leurs applications.

Ce que ne peut se permettre d’accepter Google qui domine jusqu’à maintenant le marché de la publicité en ligne.

Comment se ferait cette intégration des contenus


Selon le New York Times qui relaie des informations de sources proches de ce projet, Google, Twitter et les autres parties prenantes à ce projet qui sera au final proposé en Open source, ne vont pas copier délibérément les contenus des éditeurs sans leur consentement.

Cela se fera donc sur la base du volontariat. Qui veut que ses contenus s’affichent instantanément sur mobile comme cela se fait dans les applications mobile devra donner son accord.

Pour ce faire, les éditeurs devront intégrer un code dans leurs articles web afin de rendre possible la copie (pour la cas de Twitter) ou la mise en cache (pour le cas de Google) pour accélérer l’affichage dans les navigateurs mobiles.

C’est pourquoi, et sans doute pour rassurer les éditeurs de contenus, que tout le graphisme, les photos, les liens internes ou externes et les publicités de leurs sites seront conservés tels quels. Il est même prévu un plugin spécial pour les blogs créés via WordPress et pour d’autres plateformes ou logiciels CMS.

Un enjeu crucial pour le contenu web sur mobile


L’enjeu est crucial pour l’existence même du web sur le mobile face aux applications mobiles sur lesquelles les utilisateurs passent déjà 90% de leur temps sur mobile, selon une récente étude.

Les consommateurs utilisent le plus souvent les applications en raison de leur rapidité d’exécution, et donc d’affichage des contenus. Mais aussi en raison de la qualité de la présentation des contenus mobile-friendly.

Et pourtant, malgré cette migration massive vers les applications, la très grande majorité des contenus internes des applications des services populaires tels que Facebook, Twitter et Pinterest continuent de provenir des liens du web.

Et par rapport à beaucoup d'applications, le contenu web sur mobile s’adapte encore mal et est surtout très lent. Or, les mobinautes sont connus pour ne pas êtres des gens patients.

Pour Google, qui vend la presque totalité de ses publicités sur le web et le web mobile, il est inconcevable de laisser Facebook, qui serait désormais la meilleure source de trafic pour les éditeurs d’actualités [40% (+12 points en 2 ans !) contre 38% pour Google], s’accaparer définitivement du trafic référent mobile via son application Instant Articles sur lequel les contenus s’affichent dix fois plus rapidement que les contenus via un navigateur mobile.

De plus, il y a comme une crainte, du côté de chez Google, d’une dépendance croissante des lecteurs par rapport aux réseaux sociaux, notamment Facebook. Les laisser partir sans réagir serait abandonner une très grande partie de ses revenus publicitaires.