Il est interdit d’utiliser un anti-bloqueur de pub en Europe sans consentement

Les éditeurs de contenus qui utilisent des scripts pour détecter les utilisateurs de bloqueurs de publicité devraient désormais demander le consentement des utilisateurs.

Anti-Adblockers

Si ces éditeurs ne demandent pas l’autorisation ou ne reçoivent pas l’accord des utilisateurs, ils seraient en violation des règles européennes sur la protection de la vie privée.

C’est en tout cas l’avis d’un avocat londonien (Alexander Hanff) qui a écrit à Jean-Claude Juncker (Président de la Commission Européenne) pour savoir si les scripts de détection de blocage des publicités que certains éditeurs utilisent pour déjouer les bloqueurs de publicité tombent sous le coup de l'Article 5.3 de la Directive européenne.sur la protection de la vie privée.

En effet, l'article 5.3 de la directive européenne sur la protection de la vie privée dans le secteur des communications électroniques, adoptée le 12 juillet 2002 et connue sous le nom de “ePrivacy Directive”, stipule que le stockage d'information « n'est autorisé qu'à la condition que le souscripteur ou l'utilisateur concerné ait été clairement informé […] du but de ce processus, et qu'il se voit offert le droit de le refuser […] ».

La lettre-réponse que l’avocat Hanff a reçue de la Commission européenne (voir Tweet ci-dessous), même si elle est un peu vague, semble étendre l’article 5.3 et suggère que les éditeurs de contenus devraient nécessairement obtenir le consentement de l’utilisateur (tout comme on le fait déjà avec le bandeau des cookies) avant de détecter les bloqueurs de publicité ou les utilisateurs d'adblockers.

Les éditeurs seraient donc obligés d'afficher une information et effectivement obtenir un consentement opt-in des utilisateurs (comme pour les cookies). Une information du genre “En visitant ce site, vous acceptez l'utilisation de scripts pour déterminer si vous bloquez nos annonces publicitaires. Si nous constatons que vous utilisez un logiciel pour le blocage des publicités, nous ne vous montrerons pas nos contenus.”

Il peut, peut-être, y avoir d'autres solutions pour la détection des bloqueurs de publicités qui ne nécessitent pas l’usage de scripts ou ne vont pas à l’encontre des règles européennes sur la vie privée. Mais pour l'instant, cela crée un problème évident et maladroit pour certains éditeurs.

Hanff a également indiqué sur Twitter (voir le tweet ci-dessous) qu'il défiera légalement tous les éditeurs utilisant un anti-bloqueur de pub.

Et ce, en s’appuyant sur cette lettre-réponse reçue de la part de la présidence de la commission européenne.

Un rapport publié en Août 2015 par l’IAB (International Advertising Bureau) révèle que plus de 200 millions de personnes dans le monde utilisent des bloqueurs de publicité. D’autres données suggèrent qu'entre 30 et 60 % de la jeune génération utilisent un type de logiciel de blocage des publicités aujourd'hui.

Pour information, Google se lancerait bientôt dans la bataille contre les ad blockers via son navigateur Chrome qui devrait rendre inutile l'utilisation d'un bloqueur de publicité.