L’Allemagne et l'Inde bloquent le partage de données entre Facebook et WhatsApp

Fin Août 2016, WhatsApp, la plus populaire des applications de messagerie instantanée, avait procédé à une mise à jour de ses conditions générales d’utilisation et de sa politique de confidentialité pour commencer à partager les données de ses utilisateurs avec sa société mère Facebook.

L’Allemagne bloque le partage de données entre Facebook et WhatsApp

Et maintenant, les deux sociétés sont en difficulté, au moins en Allemagne et en Inde.

En effet, Facebook et WhatsApp ont tous les deux été sommés, selon le site Independant, d’arrêter immédiatement de collecter, stocker et partager les données de plus de 35 millions d’utilisateurs allemands de WhatsApp.

Et, plus surprenant encore, l’équivalent de la CNIL en Allemagne exige que Facebook supprime toutes les données personnelles qu’il a reçues de WhatsApp depuis le mois d’Août 2016..

Également en Inde, le 23 septembre 2016, la Haute Cour de Delhi a ordonné à WhatsApp de supprimer les données de tous les utilisateurs indiens de ses serveurs jusqu'au 25 septembre 2016, lorsque la nouvelle politique de confidentialité de la société WhatsApp est entrée en vigueur.

Quand Facebook a racheté WhatsApp pour la somme de 19 milliards de dollars en numéraire en 2014, WhatsApp avait fait la promesse que les données de ses utilisateurs ne seraient pas partagées entre les deux sociétés. Aujourd’hui, on est loin de cette promesse.

Toutefois, les utilisateurs de WhatsApp ont été notifiés du changement de la politique de confidentialité et avaient 30 jours pour l’accepter ou le refuser. Faute de quoi, ils ne pourraient plus accéder à l’application.

Et c’est ce que dénonce justement aujourd’hui l’autorité allemande de la protection de la vie privée, en ces termes :
Cela est non seulement “trompeur” pour leurs utilisateurs et le public, mais constitue aussi une violation de la loi sur la protection des données en Allemagne.

Un tel échange n’est recevable que si les deux sociétés, celle qui fournit les données (WhatsApp), ainsi que la société bénéficiaire (Facebook) établissent une base juridique pour le faire.

Or, Facebook, n’a obtenu aucune approbation définitive auprès des utilisateurs de WhatsApp ni établi une base juridique pour la réception des données.
Apparemment, la nouvelle mesure de partage entre WhatsApp et Facebook a été prise par ces entreprises pour mieux cibler la publicité sur Facebook plutôt que pour lutter contre le spam.

En réponse à la décision de l’organisme de surveillance de la vie privée en Allemagne, Facebook a publié une déclaration selon laquelle cet échange était conforme à la législation de protection des données européenne, en disant :
Nous sommes ouverts à travailler avec le Hambourg DPA (CNIL allemande) dans le but de répondre à leurs questions et résoudre les problèmes.
Selon l’organisme de surveillance, comme Facebook et WhatsApp sont des sociétés indépendantes, elles doivent traiter les données de leurs utilisateurs sur la base de leurs propres termes et conditions ainsi que les politiques de confidentialité des données.

Et Mr Johannes Caspar, le Commissaire de l’autorité allemande chargée de la protection des données de déclarer dans son communiqué :
Cette ordonnance administrative protège les données d’environ 35 millions d’utilisateurs de WhatsApp en Allemagne.

Cela est du ressort de leurs décisions, s’ils veulent connecter ou pas leurs comptes avec Facebook. Par conséquent, Facebook doit demander leur permission au préalable. Cela ne s’est pas fait.
Et Mr Caspar de poursuivre :
En outre, il y a des millions de personnes dont les coordonnées ont été téléchargées sur WhatsApp à partir des carnets d’adresses des utilisateurs, même si elles n’avaient aucune connexion avec Facebook ou WhatsApp.
Mais, selon Facebook, cette quantité gigantesque de données n'a pas encore été collectée.

Cependant, les utilisateurs de WhatsApp ne doivent pas s’inquiéter du contenu de leurs messages sur WhatsApp, comme les chats et les images, car ils sont cryptés de bout en bout.

Ce qui signifie que même l’entreprise WhatsApp ne peut pas les lire. En principe.