Quand les éditeurs s’interrogent sur les avantages réels d’AMP

Google a dévoilé son format Open-source Accelerated Mobile Pages ou AMP pour améliorer le Web mobile en rendant le chargement des pages plus rapide pour concurrencer Facebook Instant Articles.

Quand les éditeurs s’interrogent sur les avantages réels d’AMP

Alors que les articles instantanés de Facebook connaissent une baisse d’usage chez les éditeurs de news, la fonctionnalité AMP a permis à Google de dépasser Facebook en termes de source de trafic Web sur mobile.

Et ce, avant que ce même trafic via AMP n’explose littéralement en début d’année.

Certes, la rapidité de l’AMP est réelle et de nombreuses fonctionnalités, ainsi que de nouveaux templates ont été ajoutés au cours de ces 2 dernières années, mais de plus en plus d’éditeurs se posent désormais des questions sur ses avantages réels ou supposés.

Une nouvelle étude de ChartBeat en date du 23 Août 2018 montre que seul un tiers des éditeurs voient en fait des preuves claires d'une augmentation du trafic de l'AMP.

Source : ChartBeat.com

L'étude a examiné 159 éditeurs qui ont adopté l'AMP en 2017. La plupart étaient des éditeurs américains et représentaient un mélange de news nationales, locales et de mode de vie.

Si l'AMP livrait beaucoup plus de trafic, cela devrait compenser le manque de revenus dont se plaignent souvent les éditeurs.

Les éditeurs ont longtemps déclaré que les recettes publicitaires qu'ils réalisent sur les pages AMP ont été lentes à construire car AMP limite les types de formats d'annonce qui sont pris en charge.

En fait, selon Digiday, AMP représente juste une faible part des recettes publicitaires que les éditeurs escomptaient faire à partir de leur contenu distribué, comme le révèle un rapport de Digital Content Next de Février 2018 qui l’établit à 5% des revenus des éditeurs.

D'autres plaintes formulées par les éditeurs font état de ce que l’AMP limite la capacité des éditeurs à promouvoir d'autres produits, à utiliser des formats éditoriaux élaborés et à récupérer les données sur le comportement des lecteurs.

Chris Breaux, Director of data science chez Chartbeat déclare :

AMP a eu beaucoup de battage médiatique et de promesses. C'est vraiment bon pour les utilisateurs de fournir une expérience cohérente en termes de temps de chargement de page.

La vraie question est, voyez-vous plus de trafic que vous auriez eu si vous n'avez pas implémenté la fonction AMP ? La réponse pour 66% des éditeurs est, NON.


D'autres utilisateurs d'AMP ont été élevé la voix contre ce qu'ils considèrent comme ses lacunes.

Ainsi, comme le montre Tweet ci-dessous, certains éditeurs commenceraient à désactiver AMP sur tous leurs emplacements, sous prétexte que l'expérience utilisateur et les revenus sont aussi meilleurs sans AMP qu’avec AMP.



Nathan Kontny, CTO de la société de développement Rockstar Coders, a déclaré, après avoir activé l'AMP sur le site de l'entreprise :

Les conversions ont chuté de 70%, nous poussant à la désactiver. Parce que les conversions sont l'élément vital de notre entreprise.

Une autre étude de ChartBeat en début d'année avait constaté que l'AMP était à l’origine d’une augmentation du trafic et de l’engagement.

Et, la récente étude dont nous parlons ici a montré qu'il y avait une augmentation de 22% en moyenne dans le trafic mobile de Google vers les éditeurs, mais que les effets individuels des éditeurs variaient largement.

Un tiers a vu des preuves claires d'une augmentation progressive du trafic via l’AMP.

Certains éditeurs individuels ont vu des changements allant d'une augmentation de 151% à une baisse de 58%.

Pour les deux tiers restants des éditeurs, il n'était pas clair si l'AMP générait des augmentations de trafic indépendantes de facteurs comme la saisonnalité et les changements dans le cycle des actualités.

ChartBeat a trouvé que parmi les éditeurs ayant du succès avec AMP, il n'y avait pas de thèmatiques dans les caractéristiques comme les types de contenu qu'ils publient et depuis combien de temps ils ont implémenté AMP.

Les grands éditeurs de news ont eu les mêmes résultats que les petits éditeurs de mode de vie, même si les grands éditeurs sont plus susceptibles d'avoir beaucoup de ressources pour mettre en œuvre AMP. Et d'ailleurs, les éditeurs de news ont été les bénéficiaires précoces du format AMP.

En fin de compte, l'avantage semble dépendre de la façon dont l'éditeur met en œuvre AMP, selon Breaux de chez ChartBeat.

Rudy Galfi, un gestionnaire du projet AMP chez Google, déclare :

Le projet AMP a conduit à de grandes améliorations dans la vitesse de chargement de la page, mais dès lors qu’il s'agit de trafic et de revenus, il y a beaucoup de variations par éditeur.

L'étude de ChartBeat souligne la nécessité pour les éditeurs de maximiser la façon dont ils mettent en œuvre AMP pour tirer parti de toutes les améliorations de la monétisation qui ont été ajoutées au cours des trois dernières années. Il y a toujours de nouvelles bonnes pratiques à prendre en compte.


La plupart des éditeurs qui ont adopté l'AMP l'utilisent encore. Ainsi, 31% des clients de ChartBeat ont utilisé AMP à la fin de l'année 2017, soit une hausse de 27% contre 3% qui l’ont retirée.

Beaucoup d’éditeurs estiment qu'ils ont peu de choix. Il y a une croyance répandue parmi les éditeurs, et ce n’est pas faux, selon laquelle Google accorde la préférence aux articles AMP dans les résultats de recherche, même si l'éditeur peut tout seul atteindre la vitesse de chargement de l’AMP, avec un site mobile léger.

Ce que confirme Andrew Montalenti, CTO de Parsely :

Beaucoup d'éditeurs s’inquiètent s'ils ne l'adoptent pas, face la priorité accordée aux articles AMP ou les préférences du consommateur pour l’AMP sur la page de résultats.

Car, Google a également formé les utilisateurs de son moteur de recherche à repérer l'icône AMP qui indique les articles AMP pour une navigation plus rapide.

Rappelons à toute fin utile que Google compte rendre les pages Web aussi rapide que les pages AMP.

Cela devrait commencer avec la prochaine version de Google Chrome comme indiqué ici.

Et, côté monétisation, il convertit maintenant de plus en plus de publicités mobile au format AMP.