Et ce, pour montrer, selon lui, ce que serait sa page de résultats si cette directive restait en l’état et était ratifiée par chaque Etat membre de l’Union Européenne.
L'Union Européenne se rapproche de la promulgation d'une législation sur le droit d'auteur qui exigerait que des plateformes telles que Google et Facebook paient les éditeurs de news pour avoir le privilège d'afficher leur contenu aux utilisateurs, ainsi que de surveiller la violation du droit d'auteur par les utilisateurs sur les sites et services qu'ils gèrent.
La version finale de la directive européenne sur le droit d'auteur sera publiée la semaine prochaine.
La directive vise à “harmoniser” la législation sur le droit d'auteur à travers l'Europe. Cependant, il y a deux dispositions (Articles 11 et 13) qui sont très problématiques et qui ont irrité les défenseurs de la liberté d'expression et de nombreux éditeurs en ligne qui sont gravement préoccupés :
- L'article 11 exigerait que Google, Bing et d'autres agrégateurs d’articles de news paient des royalties de licence non-exonérables lorsque de courts extraits de leur contenu sont présentés sur les sites de ces agrégateurs.
Un article qui consacrerait alors le droit voisin dans l’espace européen.
- L'article 13 exigerait des plateformes telles que Google, YouTube, Facebook, Twitter et d'autres de surveiller et proactivement empêcher le téléchargement de contenu pour éviter toute violation potentielle du droit d'auteur ou de faire face à leur responsabilité.
A la recherche d’un meilleur consensus pour les auteurs
Les partisans de la Directive à venir soutiennent que la directive contribuera à créer un marché plus juste et plus durable pour les créateurs de contenu et de news.
Ils disent qu'ils essaient de renforcer le pouvoir de négociation des éditeurs traditionnels dans leurs relations avec les grandes entreprises d'Internet, qu’ils accusent d’avoir développé des entreprises “sur leur dos” ou en profitant des contenus des tiers et des éditeurs de news.
Quant aux critiques, elles affirment que la Loi est vague et biaisée. Ils ont également dit que cela reproduirait des réformes de Copyright précédemment infructueuses essayées en Espagne et en Allemagne.
En outre, la nouvelle loi augmenterait considérablement la censure au nom de l'application des protections du droit d'auteur, affirment-ils.
Grands éditeurs contre petits éditeurs
Plusieurs des plus grands éditeurs et sociétés de divertissement d'Europe ont fait pression (lobbying) et soutiennent fermement les nouvelles règles édictées dans cette directive européenne sur le droit d’auteur qui consacreraient le droit voisin et obligeraient tout site citant un extrait d’un autre contenu et lui renvoyant un lien à lui reverser en sus des royalties.
Cependant, de nombreux éditeurs plus petits s'y opposent.
Ces petits éditeurs recherchent des changements dans la copie finale de la directive pour leur permettre de renoncer volontairement aux exigences de cette directive en matière de licences.
Ils veulent également que tous les liens hypertextes soient exclus du champ d'application de la directive.
Richard Gingras, VP de Google News VP, a fait valoir dans un post blog de Décembre dernier que :
L’'article 11... aura des conséquences inattendues pour les plus petites éditeurs de news, limitera l'innovation dans le journalisme et réduira le choix pour les consommateurs européens.
Simulation de Google avec des résultats dénudés
En prévision de la publication de la version finale de la directive, Google mène, d’après Searchengineland, une expérience :
...Pour comprendre l'impact de la proposition de la directive européenne sur le droit d'auteur pour nos utilisateurs et nos partenaires éditeurs.
La capture d'écran ci-dessous montre des liens sur la page de résultats, mais sans description ni images, des histoires incomplètes et des titres d'articles sans contexte.
(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
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Source : Searchengineland.com |
Google va donc choisir les gagnants et les perdants
Dans son article de blog, Gingras dit que dans le cadre de l'article 11 du régime des licences de contenu, Google aurait à “prendre des décisions sur le contenu à inclure sur la base de ces accords de licence et choisir qui exclure.”
En effet, des entreprises comme Google seront mises en position de choisir les gagnants et les perdants.
Une question est de savoir si Google chercherait à éviter de payer ces royalties avec des pages de résultats, comme ci-dessus, qui ne proposent pas d'extraits ou pas de liens. Ce qui serait analogue à ce qui s'est passé en Espagne lorsque les règles restrictives du droit d'auteur ont obligé Google à complètement fermer Google News Espagne
Les éditeurs espagnols ont cherché sans succès à faire pression sur le gouvernement pour obliger Google à maintenir son site d’Actualités espagnoles.
Bon nombre des grands éditeurs favorables à la directive sur le droit d'auteur et à l'article 11 ne s'attendent probablement pas à un scénario de «page nue». Ils opèrent sous l'hypothèse d'un statu quo sur les pages de résultats et que Google, Bing et d'autres vont tout simplement les payer pour afficher leur contenu.
Mais, tout comme les éditeurs espagnols de news ont vu leur trafic internet chuté et les éditeurs allemands qui ont finalement demandé à Google de restaurer des extraits d’articles, les exigences de l'article 11 pourraient également se transformer en un scénario du type “faîtes attention à ce que vous souhaitez”.
Car, la réduction du trafic vers les sites d'information signifierait une réduction des recettes publicitaires et, potentiellement, une perte de nouveaux abonnés.